Renforcement des capacités des personnels de santé pour la promotion de la santé bucco-dentaire au Cameroun

Bref historique

Le projet de former des personnels de santé pour la promotion de la santé bucco-dentaire a pour origine la coopération de la Faculté de médecine de Genève et du Canton du Jura avec le Cameroun. Ayant constaté un déficit important des informations et attitudes pour la promotion de l’hygiène bucco-dentaire du personnel de santé et de la population, un cabinet dentaire a été installé dans ce cadre en 2001 à Mfou, dans la Région du Centre du Cameroun, avec le soutien du Secours Dentaire International, des Fondations Haladin et Gourgas, du Service de la Solidarité International du Canton de Genève et de la Section de médecine dentaire de la Faculté de médecine de Genève.
Les soins dispensés dans ce cabinet par un dentiste et une aide-soignante camerounais rémunérés par le Ministère de la Santé publique du Cameroun étaient principalement de premier recours visant à soulager la douleur et traiter les caries dentaires. Un volet de prévention dans les écoles enfantines et primaires de la périphérie de Mfou a été également développé en formant des « enseignants –éducateurs » chargés de la diffusion des principes de l’hygiène bucco-dentaire au sein des élèves des « Clubs santé » , notamment la prévention de la carie. Devant le succès rencontrés de ce projet et son évaluation positive par le Service de la Solidarité International du Canton de Genève (Rapport de mission V. Mengel , 2009), un deuxième cabinet co-financé par la Coopération Cameroun-Jura-Suisse et la Faculté de médecine de Genève a été ouvert à l’Hôpital d’Obala en 2009, puis un troisième à l’Hôpital de Soa en 2015.

Pourquoi former des personnels de santé

Les affections bucco-dentaires représentent une part significative du fardeau des maladies non transmissibles (MNT) à l’échelle mondiale. On estime qu’environ 400 millions de personnes ont souffert d’une forme ou l’autre de ces affections dans la Région Afrique de l’OMS en 2017. Le coût des traitements représente dans les pays à revenu faible et intermédiaire des dépenses importantes que ni les systèmes de santé ni les malades ne peuvent assumer en raison de conditions économiques défavorables. Les soins bucco-dentaires restent donc hors de portée pour des millions de personnes. A cela s’ajoute le faible nombre de professionnels de la santé bucco-dentaire spécialisés, rendant l’accès à de tels soins difficile. Selon une étude récente (Kassebaum et al. J. Dent. Res. 94, 2015), les besoins de soins non satisfaits touchent une très large partie de la population des pays africains. Etant donné qu’il est irréalisable de changer de fond en comble cette état de choses dans un avenir proche, l’une des stratégies est d’opter pour un « transfert de tâches » qui consiste à fournir aux personnels de santé une brève formation de base en santé orale leur permettant d’assurer des soins bucco-dentaires essentiels intégrés dans leur activité de soins de santé primaires.

Notre projet de renforcement des capacités des personnels de santé est en accord avec une stratégie de prévention et de prise en charge des affections bucco-dentaires récemment présentée par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique dans le cadre de la prévention et de la lutte contre les maladies non-transmissibles (Varenne, OMS, www.afro.who.int/fr/sante-bucco-dentaire, 2016). L’OMS propose un « paquet d‘interventions essentielles de santé » qui comprend un nombre limité d’activités cliniques et de santé publique pouvant être mis en œuvre au niveau des soins primaires et/ou secondaires (Varenne, WHO, 2016). Ce rapport souligne le rôle important que joue le personnel de santé primaire et la nécessité de former tous les agents de santé de première ligne à la promotion de la santé bucco-dentaire.

Le projet en bref

La formation en santé orale de base du personnel de santé primaire déjà intégré dans des structures hospitalières ou centres de soins périphériques leur permettra d’agir au niveau populationnel lors de campagnes de prévention et/ou au niveau individuel lors de soins aux patients. En milieu communautaire, le personnel de santé formé participera aux programmes de prévention et de dépistage dans les écoles, ainsi qu’aux campagnes de sensibilisation des populations sur les facteurs de risque des maladies bucco-dentaires et des MNT. Dans le cadre clinique des hôpitaux de districts, le personnel donnera aux patients des soins bucco-dentaires essentiels à la prévention des infections.

La formation

Les objectifs de la formation sont centrés sur la promotion de la santé orale et la prévention des affections bucco-dentaires, intégrées dans le cadre de la lutte contre les MNT. Le programme comporte trois périodes d’enseignement pendant un semestre, chaque période comprenant deux modules d’enseignement, soit au total six modules (voir ci-dessous). L’enseignement est en partie théorique sous forme de cours intégrés, de lecture dirigées et de travaux pratiques ; la partie pratique est consacrée à des activités de promotion de la santé orale en milieu scolaire, hospitalier et communautaire, ainsi qu’à la pratique des soins de base.

La première volée de formation de personnel de santé primaire en santé bucco-dentaire (sous l’égide de la Fondation Suisse pour la Santé Mondiale) a été diplômée en septembre 2020. Au total, 26 participant-e-s ont suivi ce premier cycle de formation qui a eu lieu à l’Hôpital Général de Yaoundé. Outre les évaluations structurées en fin de formation, un suivi des participant-e-s sur le terrain pendant 1 an et une évaluation des micro-projets développés pendant le programme de formation permettra de confirmer l’impact du projet.

Ce projet-pilote a été soutenu financièrement par la Délégation Genève Ville Solidaire (DGVS), Ville de Genève et la Commune de Cologny. Du côté camerounais, le programme a reçu l’aval du Ministère de la Santé Publique du Cameroun et le soutien de l’Hôpital Général de Yaoundé. Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a suivi de près ce premier programme, inédit dans les pays africains francophones.

Perspectives

Au vu du contexte politique local favorable, des objectifs définis par l’OMS pour la santé bucco-dentaire et du succès rencontré avec ce premier cycle de formation, nous proposons la poursuite de ce projet et son extension éventuelle à d’autres pays africains francophones.

Nos partenaires

  • La Délégation Genève Ville Solidaire (DGVS), Ville de Genève ;
  • La Commune de Cologny ;
  • Le Programme de santé bucco-dentaire, Département des maladies non-transmissibles, OMS,
  • Genève, et le Bureau Régional de l’Afrique, OMS, Brazzaville ;
  • Le Ministère de la Santé Publique du Cameroun ;
  • L’Hôpital Général de Yaoundé ;
  • La Faculté de médecine de l’Université de Genève et le Service audiovisuel du Centre médical universitaire ;
  • L’Ecole supérieure d’hygiénistes dentaires de Genève.

 

Initiateurs du projet

Dr Engelbert MANGA
Dr Engelbert MANGA

 

Chef de Cellule du Partenariat International à la Division de la Coopération, et Chef de projet d’appui aux Soins de Santé Primaires dans le cadre de la Coopération Cameroun-Jura-Suisse,
Ministère de la Santé Publique, Cameroun depuis 1988.
Chef de District de Santé de 1998 à 2012.
Directeur de l’hôpital de district de 1993 à 1997.

 
 
 


Pr Pierre BAEHNI
Pr Pierre BAEHNI

Professeur Honoraire, Faculté de Médecine, Université de Genève
Directeur du Centre de médecine dentaire et orale à la Policlinique Médicale Universitaire de Lausanne 2013-2015.
Senior Consultant, Organisation Mondiale de la Santé 2010-2014
Professeur ordinaire, responsable de la Division de médecine dentaire préventive, Faculté de médecine, Université de Genève, 1983-2011.
Assistant Professor, School of Dental Medicine, University of Pennsylvania, USA 1974-1980.
 
 

Annexes